Si je ne peux pas danser,...

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A multes reprises, la gauche radicale a essayé d’aimer l’art subversif. Et l’art subversif a voulu aimer la politique. Et souvent, les deux ne se sont pas compris. La politique est grande, sérieuse et veut planifier la révolution. L’art est petit, prompte, rigole et danse la révolution.
Bien souvent, les deux ont voulu la même chose sans réussir de se rencontrer pour autant. Pour quelques festins sauvages, une poignée de discussions passionnées et des rares moments de résistances, on les a vu ensembles sur la scène d’une autre monde. Des amours éphemères, des passions temporaires et des grands projets.
Quelques passionéEs, beaucoup de spectatrices et spectateurs et encore plus des scéptiques. Et toujours la séparation immanquable après une apparition commune fulgurante.
Guérilla de communication, Pink&Silver, Adbusting, Rebel Clown Army, le théatre invisible. L’expression artistique des analyses politiques. La culture de rue insoumise,
agitprop, le graff ou le ballet à la radio. L’art qui devient politique. Les frontières sont mouvantes, les possibilités sont illimitées. Mais bien trop souvent et la plupart du temps, l’art n’est rien d’autre que l’enfant d’ombre d’une politique qui se croit émancipatrice et à l’abri de tout dogmatisme. A la marge du quotidien politique, sans dents ni crédibilité, admis uniquement pour le plaisir personel ou pour faire beau, pour décorer des rassemblements politiques, sans pouvoir réel d’expression, l’art sombre dans le noir des longues nuits politiques. Quand les lumières s’éteignent.
En 2007, les lumières se ralluméront selon les espérances de grandes parties de la gauche radicale allemande. 1000 attentes, désirs et rêves sont liés à ces mobilisations contre le rassemblement des Grands Huits à Heiligendamm. Ces espérances portent sur la possibilité d’un tissage de lien, des nouvelles mises en réseaux des divers groupes et d’une toute nouvelle capacité d’agir qui en découlerait – aussi pour la suite.
Des envies pour des nouvelles formes d’action et pour des façons différentes d’être ensemble. Des rêves d’une résistance collective, du chemin fait ensemble par toutes celles et ceux qui disent non à toutes les formes d’oppression et de marginalisation subie. Les idées sont variées et les actions nombreuses. Bien évidemment, l’art ne
devrait pas y manquer.
Mais bien souvent, art et art ne veulent pas dire la même chose. L’art peut être résistante et politique ou elle peut être réformiste, fonctionnel ou encore bien de choses.
L’art qui nous intéresse n’est ni l’art des élites blanches, des intelectuelLEs et des bobos ni l’art des industries du pop et de la culture. Cet art aussi continuera d’accompagner la politique avec ses concerts et ses bracelets, dépourvu de tout caractère subversif. L’art dont nous parlons est l’art des lieux inattendus, l’art de l’instant, l’art de la résistance à ces sociétés toujours plus controlées, reglementées et normées. Nous pensons que l’art
pourrait être le facteur qui déstabilise nos habitudes et dérange nos façons de faire. Elle peut créer des liens inattendus entre des idées et des pensées trop bien rangées, elle peut avoir la vertu de nous mettre en conflit avec nous mêmes et nos certitudes. Grace à sa capacité de rester moins concrète, elle ouvre des aires libres en marge de ce qui peut être exprimé par la langue et elle réussit ainsi d’atteindre des personnes et des groupes très divers.
Nous sommes évidemment conscientEs que l’art résistante n’est pas LA solution, elle produit ses propres exclusions, dû à son histoire, son contexte et ses moyens d’expression. Nous savons que l’art n’est pas accessible à touTEs, pas tout le monde participe à sa production, et même quand l’art sort dans la rue, il demande des connaissances préalables et des clés de compréhension. Ce texte n’est donc
évidemment pas un plédoyer pour l’art comme LA nouvelle pratique subversive par exellence mais plutôt l’essai de le penser comme un moyen d’expression politique à prendre au sérieux au même lieu que les formes plus classiques telles que la discussion d’expertEs, la manifestation ou la barricade.
Nos activités antérieures et les expériences qui en découlent concernant ce lien entre l’art et la politique dans nos milieux de gauche radicale nous ont inspiré à écrire cet appel à participation et à mettre en route ce projet. Notre champ d’implication politique
est la Bundeskoordination Internationalismus (BUKO – la coordination fédérale d’internationalisme) qui fêtera ses 30 ans en 2007 en parallel aux mobilisations contre le G8. Ce réseau s’est construit durant 30 ans de travail politique internationaliste en république fédérale allemande et dans les cinq dernières années ses rassemblements annuels sont devenus une plateforme de discussion importante pour toute la gauche émancipatrice.
La focalisation actuelle de larges parties de la gauche radicale allemande sur les mobilisations contre le G8 se fait donc ressentir aussi au sein de la BUKO. Pour notre part, nous nous sentons partie prenante de la BUKO et des résistances au G8 et avec ce livre plus CD nous voulons en même temps participer à mobiliser des énergies
résistantes et agir sur les pratiques politiques précédentes.
Nous concevons le moyen d’un livre plus CD comme une possibilité parmi d’autres qui rend possible la coopération entre des théoréticienNEs, des artistes et des activistes autour le thème de l’art politique / de la politique artistique. Trois aspects nous
paraissent de plus grande importance: le lien avec la pratique politique ou/et artistique personel, la focalisation sur les perspectives d’action (c’est à dire : comment peut-on penser l’art et la politique ensemble de manière que des nouvelles perspectives
d’actions s’ouvrent ?) et la facilitation d’accès par un souci de compréhensibilité des textes, dans leur langage et leur langue. Nous ne voulons pas restreindre notre regard sur le contexte européen uniquement mais élargir notre vision de ce thème « art et
politique » au sein des mobilisations contre le G8 par une perspective internationaliste.
Cela s’exprimera par le choix des musicienNEs et des auteurEs – des personnes issues de régions marginalisées quant à la production artistique et théorique, des AllemandEs éthniséEs et des AllemandEs blancHEs – et par un booklet en plusieures langues avec les traductions nécessaires sur le site web.
Par le fait que les artistes et les théoréticienNes seront invitéEs à écrire sur la thématique du G8, la liaison entre politique et art devrait se retrouver aussi dans les textes. En parallel, nous comptons de proposer à toutes les personnes impliquées le même questionnaire qui permettrait idéalement à touTEs d’expliciter sa démarche sans tomber dans le scénario habituel où l’expression artistique reste la décoration plaisante pour une théorie pésante et où la dichotomie entre ici et ailleurs, entre le Nord et le Sud
se réproduirait. Nous espérons de rassembler des textes et des morceaux de musiques qui heurtent et traversent ces frontières.
Parmi les thématiques possibles, on proposerait bien un retour critique sur les collaborations antérieures entre l’art et la politique en Allemagne dans les luttes concernant les genres ou les migrations. Des formes d’action plus artistiques comme par exemple le Pink&Silver, sont-elles opérationnelles pour les luttes des migrantEs?
Un autre thème possible pourrait être l’analyse de la place actuelle de l’art comme moyen d’expression politique au sein de la gauche radicale allemande. Dans une perspective internationaliste, on pourrait partir à la recherche des relations existantes
actuellement entre l’art et la politique dans d’autres pays, de découvrir des points de départ différents et de se laisser inspirer de nouveaux chemins de pensée. Car le but du projet est notamment et surtout de développer des nouvelles perspectives d’actions.
Nos expériences des dernières années ont montrées que bon nombre de formes d’actions classiques de la gauche sont dépassées et étouffent des fois même les envies de résistance. Nous ne souhaitons pas de faire table rase de tout ce qui s’est passé jusqu’alors mais nous voulons essayer de lier les expériences faites à des nouvelles
idées. Nous voulons essayer de tenir compte des circonstances qui changent et qui créent des nouveaux défis pour la gauche radicale dans sa recherche de stratégies et de formes de résistances adéquates. Nous considérons que l’art offre une multitude de
possibilités qui sont restés jusqu’alors – à quelques rares exeptions près – trop peu pris en compte.
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BUKO Geschäftsstelle 040 – 39 35 00.