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Tuesday, 26 June 2007 |
Le contexte écossais (French) |
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Friday, 25 February 2005 |
Le contexte écossais
Informations générales sur l'Ecosse
L'Ecosse a une longue tradition de résistance au capitalisme, et offre un mélange unique d'avantages et d'inconvénients à la mobilisation contre le G8. Le mouvement altermondialiste n'a jamais été très important en Ecosse. Cependant, la plupart des EcossaisES sont conscientEs des problèmes créés par le néo-libéralisme et sont ouvertement hostiles à Blair et Bush. Certaines régions d'Ecosse ont une atmosphère très internationale, et l'Ecosse souffe très peu du racisme et de la xénophobie. Néanmoins, l'Ecosse est isolée géographiquement, et les dirigeants des grandes puissances espèrent que peu d'EuropéenNEs feront le voyage en Ecosse pour la mobilisation contre le G8.
Le G8 se réunit à Gleneagles, un terrain de golf au centre de l'Ecosse, à proximité de l'A9 (une des deux principales voies express d'Ecosse) entre Perth et Sterling. Gleneagles est à environ une heure des deux villes principales d'Ecosse, Edimbourg et Glasgow. Loin d'être un espace urbain, Gleneagles est un terrain de golf au coeur d'une vallée rurale, près du village d'Auchterarder.
Soyons clairs: même si elle fait politiquement partie de la Grande-Bretagne, l'Ecosse n'est pas l'Angleterre, et il y a de grandes différences culturelles et historiques entre les deux. De manière générale, il ne faut jamais appeler les EcossaisES Britanniques ou AnglaisES, et tenir des propos unionistes (l'Ecosse ne serait qu'une partie de la Grande-Bretagne) de manière inconsidérée, même involontaire, peut provoquer des réactions négatives.
L'Ecosse n'est pas un pays très vaste, et sa population s'élève aux alentours de 5 millions d'habitantEs. Le mouvement dit des 'enclosures' du 19ème siècle, par lequel la population fut chassée des terres exploitées en commun et remplacée par l'élevage industriel des moutons par les propriétaires, fut extrèmement brutal en Ecosse, particulièrement dans les Highlands ('Highland Clearances'). La plupart des ressources naturelles écossaises furent pillées au profit du gouvernement de Londres, et la plupart des terres appartiennent à de gigantesques propriétaires terriens absentéistes: c'est le cas des familles qui possèdent les terres autour de Gleneagles. Suite aux Highland Clearances, des lois furent promulguées contre l'occupation de propriété privée ('squatting'), notamment pour empêcher les paysanNEs de retourner sur leurs terres. Ces lois sont beaucoup plus strictes que celles similaires qu'on rencontre en Angleterre ou dans le reste de l'Europe. L'occupation de propriété privée est un crime ('criminal offence'), pas un simple délit ('civic offence'), et les squatters n'ont aucun droit. Néanmoins, de récentes lois de réforme agraire ont remis en cause cet ordre des choses, et les anciennes lois seront très probablement mises à l'épreuve pendant le sommet du G8. L' attachement des EcossaisES à leur terre est à l'origine de la revendication populaire - bien que légalement discutable - en faveur de 'terres communes', et des lois dites 'du droit des randonn-eurs/euses' qui ont rendu légale la randonnée en campagne à travers les propriétés privées.
La scène politique écossaise
L'Ecosse, autrefois nation indépendante, a historiquement toujours eu des lois différentes du reste de la Grande-Bretagne en ce qui concerne le logement, les manifestations, et l'occupation de propriété privée. En ce moment même, une équipe juridique au sein de Dissent étudie le système légal écossais, et un guide complet sera bientôt disponible pour les activistes sur le net.
Le Parlement écossais a été fondé en 1997 afin de gérer les questions culturelles et de politique interieure en Ecosse, et d'appaiser la vindicte de nombr-eux/euses écossaisES à l'encontre du gouvernement de Londres. Cependant, il est régardé même en Ecosse comme une grosse blague et un cauchemar bureaucratique au prix exhorbitant, d'autant qu'il n'a aucun pouvoir législatif en matière de politique étrangère et de défense. Pourtant, de nombreuses personnes, qui sinon se seraient engagées dans la voie révolutionnaire, croient que la petite taille de l'Ecosse fait du réformisme le chemin le plus court vers le changement. Le caractère illusoire de l'autonomie écossaise sera révélée par le sommet du G8, avec l'arrivée massive de policiers anglais ou lorsque le gouvernement américain va vouloir prendre en charge la sécurité du sommet. Cela pourrait permettre à certains sentiments anti-anglais et anti-américains de se manifester, bien qu'ils puissent être contrebalancés par la fierté de voir que les dirigeants des grandes puissances ont choisi de tenir leur réunion en Ecosse.
Le gouvernement écossais actuel, travailliste, ('Scottish Labour'), est contrairement à ce que semble indiquer son nom très à droite et très autoritaire. Le parti travailliste domine la scène politique écossaise depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et contrôle toujours la plupart des syndicats. Une différence majeure entre cette mobilisation contre le G8 et d'autres qui se sont déroulées précédemment en Europe est qu'il est hautement improbable que le gouvernement fournisse un quelconque soutien matériel, par exemple en mettant gratuitement à disposition des manifestantEs un centre de convergence.
Comme dans tout petit pays, la vie politique écossaise est corrompue par le népotisme. L'Ecosse est gouvernée par un tout petit cercle concentré dans les centres majeurs de pouvoir que sont Edimbourg et Glasgow, et qui regroupe les médias, le monde des affaires et les universités. Les médias, en particulier la presse quotidienne à sensation, mélangent allègrement réalité et fiction, et ils présentent déjà Dissent comme un groupe d'anarchistes assoifféEs de sang, dont les seuls objectifs seraient la violence gratuite et la destruction aveugle des petits commerces et des domiciles individuels. Une atmosphère de terreur commence à s'abattre sur l'Ecosse. Cependant, la méfiance instinctive à l'encontre du pouvoir pourrait créer une sympathie avec la mobilisation contre le G8.
La scène politique locale autour de Gleneagles, dans la région de Perth et de Stirling, est très à l'écart des cercles du pouvoir, bien que les conseill-ers/ères loc-aux/ales appartiennent au Parti Conservateur. Les autorités locales s'inquiètent de la possibilité de violences dans la région, et sentent que leur pouvoir risque d'être marginalisé pendant le sommet du G8.
La majorité de la population écossaise est sensible aux idées de gauche, consciente des problèmes créés par le libre-échange, et généralement hostile à Bush et Blair. Cependant, comme partout en Grande-Bretagne, très peu de personnes sont actives politiquement, et la possibilité de changer les choses est souvent considérée comme très mince. Les personnes engagées dans l'opposition politique radicale se connaissent pour la plupart, et comme beaucoup d'EcossaisES, sont plus intéressées par les questions pratiques que par les discussions théoriques. D'une manière générale, le sentiment de solidarité ouvrière existe toujours, et le mouvement écologiste est populaire et va croissant. Le stationnement de la totalité des sous-marins nucléaires britanniques à la base de Faslane est à l'origine d'un mouvement anti-militariste, parfois pacifiste. Tout cela pour dire que les différents groupes politiques entretiennent de bonnes relations qui seraient impensables dans les centres de pouvoir. Soyez sensible à cette situation, ne préjugez pas des groupes ou des individus.
Les villes écossaises
Perth Située au bord de la rivière Tay et au carrefour de nombreuses routes, Perth est une ville riche qui a élu des députés conservateurs (droite) jusque 1997. De nombreuses sociétés ont des bureaux à Perth. Cependant, la ville demeure isolée et a une très petite communauté activiste. Des groupes locaux intéressés par la mobilisation contre le G8 organisent des réunions, de manière assez irrégulière, à Perth depuis plusieurs mois.
Stirling Stirling est aussi au carrefour de nombreuses routes. Le Château de Stirling rappelle que la ville fut le site de batailles historiques qui donnèrent à l'Ecosse son indépendance, comme dans Braveheart. Il y a une université dans la campagne aux alentours de Stirling, qui servira de centre pour les médias officiels pendant le sommet. Le conseil municipal de Stirling est contrôlé par le Parti Travailliste (Labour Party), et il est probable qu'il n'apportera aucune aide à la mobilisation. Prudential Plc (une grande compagnie d'assurance) a son principal centre à Stirling. Sinon, Stirling est une ville ouvrière, pas un centre financier ou de pouvoir. Toute forme d'action directe est donc vivement déconseillée à Stirling. Des étudiantEs et des résidentEs de Stirling se mobilisent contre le G8, mais ils commencent tout juste à s'organiser.
Edimbourg Edimbourg est le centre du pouvoir financier et politique en Ecosse, la 'capitale' de l'Ecosse: elle abrite le Parlement Ecossais et les principales banques écossaises. C'est un haut-lieu du tourisme international. Princes'Street est le point focal de l'économie capitaliste consumériste de la ville. Edimbourg est aussi un foyer d'évènements artistiques et culturels: un des plus grands festivals d'art s'y déroule chaque été au mois d'août, et c'est une ville où l'on croise des visit-eurs/euses venuEs du monde entier. Edimbourg a aussi une histoire de révoltes ouvrières: la révolte contre la Poll Tax, qui amena la chute de Margaret Thatcher, commença ici. En dehors du quartier des affaires, le centre-ville est ancien et médiéval, ce dont beaucoup d'habitantEs sont très fiers. Un centre social autonome, nommé ACE (Autonomous Centre of Edinburgh), établi depuis longtemps, servira de point info pour les activistes arrivant à Edimbourg. La ville a été le théatre de 'anti-capitalist street parties' très réussies, et peut l'être de nouveau. L'ONG réformiste 'Make Poverty History' a prévu la plus grande manifestation de toute l'histoire écossaise à Edimbourg juste avant le sommet du G8. Le groupe local 'Reshape Edinburgh', affilié à Dissent, est très international dans sa composition.
Glasgow Glasgow est le centre industriel de l'Ecosse, et la plus grande ville du pays. C'est à Glasgow que l'activisme politique ouvrier a traditionnellement été le plus intense. Au début du 20ème siècle, il a fallu l'intervention de la police britannique - comme aujourd'hui à l'occasion du sommet du G8 - pour mettre fin aux grèves massives de la 'Red Clydeside' et aux luttes révolutionnaires. Glasgow est aussi une des villes les plus pauvres de Grande-Bretagne. Alors que des quartiers entiers ont été dévastés par les politiques néo-libérales, le centre-ville est aujourd'hui massivement gentrifié et 'réhabilité'. C'est près de Glasgow que se trouve l'infâme et impopulaire centre de détention de Dungavel, où de nombreux demandeurs d'asile sont brutalement enfermés et vivent dans des conditions difficiles. Il n'existe actuellement pas de centre social autonome à Glasgow, mais deux sont en passe d'être créés, et le collectif G42 espère en ouvrir un à temps pour la mobilisation contre le G8. Reshape Glasgow est un groupe très actif d'opposition au G8, qui participe aux activités de Dissent. Glasgow est également très près du camp pacifiste installé depuis des décennies à Faslane. Le CND (Campaign for Nuclear Disarmament) et Trident Ploughshares organisent chaque année un blocus non-violent de la base militaire de Faslane: un tel blocus sera organisé spécialement juste avant le sommet du G8.
Gleneagles and Auchterarder Gleneagles n'est pas même une ville, c'est seulement un terrain de golf et un hôtel de luxe. Du fait de sa petite surface, il est improbable que tout le personnel du sommet y sera logé. Celui-ci devra donc circuler entre une des villes alentours (Stirling, Perth, Glasgow, Edimbourg) et Gleneagles. Gleneagles se trouve tout près d'une voie express, et est entouré de collines désertes. À proximité de Gleneagles, Auchterarder est un petit village écossais dont la plupart des habitantEs travaillent à Gleneagles. Si la plupart des villageoisES travaillant à Gleneagles sont hostiles à la mobilisation contre le G8, certainEs y sont favorables. Probablement seuls Gleneagles et Auchterarder se trouveront à l'intérieur de la Zone Rouge, même si des rumeurs circulent au sujet de check-points dans un rayon de 10 miles (15km). Des cartes d'identité vont être fournies à touTEs les résidentEs d'Auchterarder, un projet qui a déclenché l'hostilité des résidentEs, qui craignent que le sommet ne perturbe la quiétude de leur environnement rural. Les employéEs de l'hôtel vont être relogéEs dans un autre village immédiatement au nord de Gleneagles, nommé Crieff.
Dunblane Bien que cette ville soit située au carrefour de nombreuses routes, toute forme d'action directe est vivement déconseillée à Dunblane. Un déséquilibré y a massacré de nombreux enfants dans une école il y a quelques années, et la ville commence tout juste à s'en remettre. C'est aussi le siège de l'Eglise d'Ecosse.
Se rendre en Ecosse
La police parle déjà de limiter les possibilités de pénétrer en Ecosse, c'est pourquoi il est préférable d'arriver le plus tôt possible et de voyager discrètement. Il est facile de se rendre à Londres depuis la plupart de l'Europe, puis de rallier Edimbourg et Glasgow grâce aux cars à bas prix de la compagnie Megabus. D'une manière générale, les transports collectifs sont très chers en Grande-Bretagne: un billet de train Londres-Edimbourg coûte en moyenne dans les 80 euros, le même trajet en car dans les 40 euros. Des collectifs londoniens loueront probablement, sinon s'empareront de leurs propres cars ou trains. Il est possible de faire du stop, même si traverser le Tunnel sous la Manche entre Calais et Douvres signifie souvent une longue attente et un véritable contrôle d'identité, à moins qu'unE conduct-eur/rice bien disposéE vous laisse monter à bord de son véhicule, moyennant une trentaine d'euros. Glasgow Prestwick, à environ une heure au nord de Glasgow, est le principal aéroport de la compagnie Ryanair, et est déservi par des vols réguliers en provenance de toute l'Europe de l'Ouest, y compris Stockholm, Athènes, Barcelone, Milan et Francfort-Hahn. Easyjet (www.easyjet.com) déssert Glasgow et Edimbourg directement depuis Amsterdam. Germanwings fait la liaison directe avec Cologne-Bonn.
Le climat écossais
Le climat écossais est extrème. Durant les mois d'été, le temps est chaud et agréable, mais il pleut aussi souvent. Du fait de la proximité de l'océan, le climat est plus doux que la latitude de l'Ecosse pourrait le laisser prévoir, mais aussi très imprévisible: soyez prêtEs à tout! Les pluies seront probablement fréquentes, donc prenez des vêtements imperméables et des chaussures qui résistent à la boue. En juillet, le jour dure jusque presque minuit, et il n'y a que quelques heures d'obscurité avant l'aube.
l'espace de convergence en Ecosse
Tout espace, terrain comme bâtiment, est rare et cher en Ecosse. Bien qu'il existe de vastes terrains inutilisés et des bâtiments abandonnés, ceux-ci appartiennent à des propriétaires ultra-riches et absentéistes qui n'ont aucune envie de les louer. Même lorsque ces espaces sont la propriété de collectifs d'artistes ou d'Eglises, le terrain et l'espace ont une grande valeur immobilière et sont donc très chers, surtout à Edimbourg, Perth et Stirling. Néanmoins, Reshape continue de chercher un centre de convergence et espère pouvoir mettre à disposition des manifestantEs un logement légal et sécurisé, et devra peut-être pour cela coopérer avec d'autres groupes. Le facteur qui va décider de l'établissement ou non d'un centre de convergence légal est l'argent: Dissent a besoin de l'aide de toute l'Europe pour lever les fonds nécessaires. S'il n'est pas possible d'obtenir un centre de convergence légal, Dissent a pris la décision par consensus de squatter un terrain. Idéalement, il devrait y avoir au moins un centre de convergence urbain et un autre rural près de Gleneagles, soit à Stirling soit à Perth.
Plus d'informations sur l'avancée de ces recherches seront fournies aux manifestantEs à l'approche du sommet. Des informations sur les bâtiments et terrains appropriés au squat seront fournies aux points info à Glasgow et Edimbourg avant le début des manifestations.
l'action directe en Ecosse
L'Ecosse a une longue histoire d'actions directes. La Grande-Bretagne fut le premier terrain d'expérimentation des politiques néo-libérales, et comme le veut la tradition coloniale les lois impopulaires furent d'abord testées en Ecosse, avant l'Angleterre. La privatisation de l'industrie écossaise conduisit à la gigantesque Grève des Mineurs de 1984-1985, qui s'étendit à toute la Grande-Bretagne mais fut particulièrement forte en Ecosse, où elle créa une tradition de grèves sauvages qui se perpétua jusqu'à la fin des années 90 chez les post-iers/ières. Le mouvement 'anti-poll tax' de 1987-91 commença en Ecosse, avant de s'étendre à toute la Grande-Bretagne, et d'entrainer l'abolition de la poll tax et la chute de Margaret Thatcher. En Ecosse, le taux de non-paiement de la poll tax atteignit 80%. A la suite du mouvement anti-poll tax, le Conseil Municipal d'Edimbourg fit évacuer le Unemployed Workers' Centre (désormais connu sous le nom de ACE, Autonomous Centre of Edinburgh), mais seulement après une période de résistance à l'éviction par l'occupation massive de l'immeuble. Il y eut aussi le célèbre Etat Libre de Pollock (Pollock Free State), qui résista à la construction de l'autoroute M77 dans Glasgow, et qui fut soutenu par de nombreux groupes locaux et par des grèves dans les écoles. L'action directe écologique s'est perpétuée, avec ces dernières années la destruction de plants d'OGM sur l'Ile Noire, dans l'Aberdeenshire et dans le Fife.
C'est en Ecosse que le gouvernement britannique entrepose toutes ses armes nucléaires, contre la volonté d'une vaste majorité de la population écossaise. C'est ce qui explique la prédominance en Ecosse de l'action directe anti-militariste et des tactiques non-violentes. Le camp pacifiste de Faslane, Trident Ploughshares et une partie de la SCND (Scottish Campaign for Nuclear Disarmament), pratiquent l'action directe non-violente. Ces cinq dernières années, plus de 2000 personnes ont été arrêtées au cours d'actions directes à Faslane, ce qui en fait actuellement le centre de l'activisme écossais. À travers ces espèces d'ateliers de formation à l'action directe, les activistes ont formé des groupes d'affinités. Un exemple d'action célèbre est l'épisode des 25 millions de livres de dégats causés à un avion militaire par Ulla Roder, activiste de Trident Ploughshares.
Le mouvement le plus important de ces dernières années en Ecosse a été le mouvement anti-guerre. La guerre en Iraq est encore plus impopulaire en Ecosse qu'en Angleterre, puisque presque personne ne la soutient. Le jour du début des hostilités, ainsi que le samedi suivant, des scènes inédites se sont déroulées à Glasgow et à Edimbourg: des centaines de collégienNEs et de lycéenNEs se sont misES en grève et ont organisé des barrages sur des routes, puis des milliers d'entre eux/elles se sont rassembléEs dans le centre des deux villes et ont bloqué la circulation automobile. CertainEs ont même pris d'assaut le Château d'Edimbourg en compagnie d'anarchistes.
L'action directe peut être très populaire en Ecosse, et s'appuyer sur la participation des communautés locales. À l'exception des manifestations anti-guerre et des barrages autour de la base militaire de Faslane tous les ans, il n'y a pas eu de véritable action directe massive et populaire depuis maintenant quelques temps. De plus, le mouvement altermondialiste ne s'est jusqu'à présent jamais mobilisé en force en Ecosse pour une manifestation massive, et la plupart des EcossaisES en savent peu sur les précédentes mobilisations à l'occasion de sommets internationaux. Dissent est considéré généralement comme un groupe d'anarchistes essentiellement anglaisES ou internationalES, bien que des groupes locaux rassemblés sous le nom de Reshape aient mis toute leur énergie à établir des contacts et à créer des réseaux de soutien en Ecosse. La mobilisation contre le sommet sera véritablement quelque chose de nouveau pour l'Ecosse, et c'est fondamentalement du soutien local que dépendra la réussite de la mobilisation et la possibilité d'empêcher la tenue du sommet. La population écossaise est plutôt de gauche et généralement libertaire, bien que peu idéologique ou active politiquement. La capacité à établir le contact et à comprendre la situation locale sera donc décisive pour le succès de la mobilisation contre le G8.
Les forces politiques d'opposition en Ecosse
Les anarchistes et la gauche autonome Historiquement, l'Ecosse a une longue tradition ouvrière anarchiste, et le socialisme libertaire y est plus populaire que le Léninisme. Même si le nombre actuel d'anarchistes est assez faible en Ecosse (au plus quelques centaines), un certains nombre de groupes, rassemblant plusieurs générations, préservent l'héritage anarchiste. Parmi ceux-ci, on compte le Glasgow Autonmous Project (GAP), l'Autonomous Centre of Edinburgh (ACE), le groupe G42 à Glasgow, GAIA, Aberdeen Anarchist Resistance, Wimmin Against the G8, et les groupes Reshape, affiliés à Dissent, à Edimbourg, Glasgow et Perth. Il y a aussi des membres de la Anarchist Federation et des anarcho-syndicalistes de la Solidarity Federation (SolFed). La plus grande société d'édition et de distribution d'ouvrages anarchistes en langue anglaise, AK Press, a été fondée à Stirling et continue d'opérer depuis Edimbourg. Des publications anarchistes comme Counterinformation sont publiées en Ecosse, et Black Flag y fut aussi un temps basé. Récemment, des médiactivistes baséEs en Ecosse ont mis en place leur propre Centre de Média Indépendant (www.scotland.indymedia.org) et ont formé un collectif de vidéoactivistes à Glasgow, nommé Camcorder Guerillas (http://www.camcorderguerillas.net). Des évènements tels la projection de films semblent être très populaires en Ecosse. Il existe aussi un fort intérêt pour les Zapatistes, et Edimbourg s'est jumelé avec la communauté zapatiste '16 de Febrero'. La scène anarcho-punk est limitée mais active: des groupes tels Oi Polloi se sont formés en Ecosse. Le 'free party network' a l'intention d'organiser une gigantesque free party avant ou pendant le sommet. L'anarchisme et le socialisme libertaire en général ont été importants historiquement en Ecosse, et on peut espérer que la mobilisation contre le G8 permettra de renforcer le mouvement.
Les anarchistes et autonomes écossais ont répété aux activistes internationaux, à tous ceux qui sont basés en dehors de l'Ecosse, qu'il n'y a pas assez d'activistes en Ecosse pour coordonner seulEs la mobilisation. De nombr-eux/euses activistes loc-aux/ales sont occupéEs par des projets à long terme, et ne veulent pas les abandonner pour se concentrer sur le G8. Des groupes locaux sont actifs au sein de Dissent, sous le nom de Reshape. L'aide d'activistes internation-aux/ales, si possible bien préparéEs et auto-suffisantEs, va être nécessaire pour organiser l'espace de convergence ou les actions.
Make Poverty History (http://www.makepovertyhistory.org) C'est une des coalitions d'ONG (Organisations Non Gouvernementales) les plus vastes jamais mises en place. Make Poverty History veut manifester contre le G8 à Edimbourg le weekend précédent le sommet, dans l'espoir d'amener, par le lobbying, le G8 à régler les problèmes de pauvreté qui frappent le 'Tiers Monde'. La coalition est menée par des groupes comme Oxfam, et les organisat-eurs/rices attendent près de 100000 manifestantEs. À l'heure actuelle, les médias semblent surtout s'intéresser à la possibilité que des groupes d'anarchistes perturbent la manifestation et attaquent le Parlement Ecossais, une option tactique qui n'a jamais été évoquée au sein de Dissent. Les organisat-eurs/rices semblent aussi redouter cette éventualité. Déjà, les médias présentent Make Poverty History comme les 'gentilLEs manifestantEs' et Dissent comme les 'méchantEs manifestantEs'.
G8 Alternatives (G8A) (http://g8alternatives.org.uk) Cette organisation fait campagne contre le G8 en Ecosse. C'est vers elle que les médias se tournent en priorité pour obtenir des interviews ou des points de vue. G8A mobilise exclusivement en Ecosse, tient des réunions mensuelles auxquelles quiconque peut assister, et a réussi à attirer l'attention de la population locale dans des régions d'Ecosse ou Dissent n'a pas su faire de même. Bien que faibles numériquement, les Trotskyistes du Socialist Workers Party dominent les réunions qui fonctionnent prétendument par consensus, prenant toutes les décisions de manière anti-démocratique dans le secret le plus total et faisant croire qu'elles résultent d'un consensus. La SCND (Scottish Campaign for Nuclear Disarmament) y est affiliée, de même que nombre d'organisations paravents dominées par le SWP telle Globalise Resistance, ainsi que diverses sections syndicales, et des membres du Free Party Network. Actuellement, G8A envisage de se rendre directement à la gare de Gleneagles et d'y organiser une manifestation pacifique.
Cependant, l'essentiel de leur énergie est investie dans la préparation d'un concert de rock à vocation commerciale près de Gleneagles, et d'un sommet alternatif à Edimbourg. Bien que subissant le contrôle du SWP, de nombr-eux/euses individuEs et groupes au sein de G8A détestent le SWP et souhaitent prendre part à des actions directes. Lorsque des activistes de Dissent sont alléEs leur présenter des projets d'actions, de nombr-eux/euses membres de G8A se sont montréEs amic-aux/ales et ont exprimé de l'intérêt pour ces actions. Si nous arrivons à établir un réseau de contacts et à bien faire la distinction entre les membres de G8A et le SWP, il est possible que la plupart des membres de G8A se joindront aux manifestations et actions que Dissent contribue à faire advenir.
Le Scottish Socialist Party (SSP) (http://scottishsocialistparty.org) La principale organisation de gauche en Ecosse. Dit avoir près de 3000 membres, mais peu sont véritablement act-ifs/ives. De nombreux partis opèrent en toute légalité au sein du SSP sous la forme de courants, c'est le cas du SWP. Suite à la démission il y a quelques mois de Tommy Sheridan, le leader charismatique du parti, une lutte de pouvoir a commencé au sein du parti. Les élections à la Chambre des Communes ayant lieu peu avant le sommet du G8, il est assez improbable que le SSP se mobilise en force contre le G8. Si le SWP fait officiellement partie du SSP, peu l'apprécient au sein du SSP - attention donc à ne pas confondre les deux. De nombr-eux/euses militantEs du SSP sont favorables à l'action directe et à des pratiques militantes honnêtes et ouvertes, et se joindront peut-être à la mobilisation contre le G8.
Le SWP Le plus grand parti prétendument révolutionnaire de Grande-Bretagne est très faible en Ecosse (environ 200 membres). C'est un parti trotskyiste autoritaire, organisé hiérachiquement, et connu dans toute la gauche pour ses pratiques manipulatrices. Dominant le récent Forum Social Européen de Londres, le SWP a refusé de laisser des groupes comme Indymedia ou Wombles participer. À Prague, le SWP faisait partie du cortège trotskyiste qui a lâchement abandonné le bloc rose au profit du bloc jaune. Le SWP est obsédé par le parlementarisme, et ne tolère aucune forme de critique. Pire, à travers certaines organisations paravents comme Globalise Resistance, le SWP essaie de recruter de nouv-eaux/elles membres en se joignant aux manifestations altermondialistes. Ses membres s'en prennent ouvertement aux anarchistes, utilisant la rhétorique de l'action directe, puis essayant d'empêcher toute véritable action directe. Pire encore, le SWP collabore ouvertement avec la police, qu'il a aidé à arrêter des personnes impliquées dans des actions directes, y compris pendant les manifestations anti-guerres en Ecosse. Le SWP est actuellement en perte de vitesse: il va prêter son infrastructure à des candidatEs anti-guerre pour les élections législatives. Si sa mobilisation contre le G8 est un échec, il pourrait se disloquer.
Les plans du SWP pour la mobilisation contre le G8 incluent la tentative d'utiliser G8 Alternatives comme une organisation paravent, en se servant de son porte-parole, Gil Hubbard, pour dénoncer toute action directe. Le SWP a passé un contrat bizarre avec une société privée qui organise des concerts de rock, afin d'organiser un concert de rock alternatif à vocation commerciale 'contre le G8'. Il négocie avec le gouvernement écossais afin d'btenir de l'argent pour ce concert. Même les réformistes craignent que le SWP fasse payer les places très cher, entoure le site d'une palissade et essaie d'y retenir les manifestantEs pour empêcher toute action directe. Même si le concert n'a pas lieu, le SWP a l'intention d'organiser un sommet prétendument alternatif pour vendre son journal.
Scottish Campaign for Nuclear Disarmament (www.banthebomb.org) Faisant depuis longtemps campagne contre les armes nucléaires britanniques, la SCND est une coalition très vaste. La CND a des connections et soutient officiellement des groupes impliqués dans des actions directes non-violentes et dans la désobéissance civile, tels le camp pacifiste de Faslane et Trident Ploughshares. Elle organise généralement des manifestations massives et non-violentes. Son principal objectif est d'isoler par un blocus pacifique la base nucléaire de Faslane pendant le sommet du G8. SCND est prête à coopérer avec d'autres personnes au sein de G8 Alternatives afin de mettre en place un centre de convergence rural. SCND est historiquement en conflit avec le SWP, et soutient l'ensemble de la mobilisation contre le G8, y compris Dissent. Enfin, SCND est le plus grand mouvement d'opposition orienté vers l'action directe en Ecosse.
Scottish Green Party (www.scottishgreens.org.uk) Les Verts écossais ont des députéEs au Parlement Ecossais. Le parti provient d'une coalition très lâche de groupes écologistes militants et d'ONG. La gauche du parti soutient et participe à des actions directes et de désobéissance civile en faveur de la protection de l'environnement et de la paix. Contrairement à beaucoup de partis, le soutien à l'action directe non-violente fait partie de leur programme. Bien que probablement peu act-ifs/ives dans la mobilisation contre le G8, les Verts interviendront sans doute auprès de la police au nom des manifestantEs pour défendre leur droit à mainfester et leurs droits civiques.
Scottish Nationalist Party (SNP) (www.snp.org) Le soutien du SNP à la cause nationaliste écossaise gagna en crédibilité lorsque de vastes gisements de pétrole furent découverts au large de l'Ecosse. Le nationalisme écossais est traditionnellement considéré comme un divertissement dont se servent les classes dominantes pour contrer l'internationalisme ancré historiquement dans la classe ouvrière écossaise. Traditionnellement à droite, le SNP a récemment adopté certaines revendications de gauche, et le nationalisme écossais a désormais d'étranges accents 'gauchistes', les immigrantEs permettant de pallier la diminution de la population écossaise. Alors que les ressources pétrolières sont en train de s'épuiser et ont profité pour l'essentiel non pas aux EcossaisES mais à des multinationales, le nationalisme écossais est sur la pente descendante. Le SNP semble s'inquiêter des difficultés que la police et les manifestantEs vont créer à la mobilisation contre le G8.
Scottish Trade Unions Congress (STUC) (www.stuc.org.uk) La conférence des syndicats écossais regroupe les syndicats britanniques au niveau de l'Ecosse. C'est une petite organisation, distincte de la conférence des syndicats (TUC) au niveau de la Grande-Bretagne. La STUC n'a pas pour l'instant (janvier 2005) accordé son soutien à G8 Alternatives, peut-être à cause de la domination des Trotskyistes du SWP. Dans le passé, la STUC a encouragé verbalement de nombreuses mobilisations, telle celle contre la seconde guerre d'Irak.
People and Planet (P&P) (www.peopleandplanet.org) La plus grande organisation étudiante de gauche en Ecosse est particulièrement présente à Edimbourg, et a aussi une branche à Stirling. Bien qu'ouvertement réformiste, P&P a milité avec succès pour des réformes en faveur du 'commerce équitable'. Prévoit un centre de convergence rural et entretient de bons rapports avec Dissent.
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